vendredi 28 janvier 2011
Nicolas Jaar: Space Is Only Noise
Le retour attendu du clown triste de circus company
Ecouter « Space Is Only Noise » d’un bout à l’autre est aux amateurs de musiques électroniques ce qu’un film de Sofia Coppola en bonne compagnie est aux cinéphiles. Remarquez la totale partialité dont je fais preuve quant au dernier album de Nicolas Jaar qui sortira en février sur le label Circus Company. Le bon Friendly farfouilleur que je suis s’en ai procuré une copie et autant vous dire que toutes les pistes de cet ouvrage m’ont fatalement délogé de mon corps. Un peu moins d’un an après son premier album, le magnétique producteur New Yorkais de 21 ans dépitch le tempo et replonge ses synthés, ses contrôleurs et son public dans un univers chimérique. Une ambiance contemplative et intelligente qui pourrait expliquer la comparaison très subjective à la réalisatrice citée ci-dessus. Tout est une question d’ambiance avec Nicolas, des arrangements précis et sophistiqués sur une structure minimaliste, sans oublier un sens certain de l’harmonie. Un rendu tellement parfait qu’il pourrait être perçu comme un album qui traverse les oreilles sans rester.
Queeaa ? Une autre album au airs de compil hôtel Costes digérée sur un transat en bord de piscine ? Na.
Specters Of The Future, Colomb ou I Got A Woman (où une oreille attentive détectera Ray Charles) sont des morceaux brillamment produit qui ouvrent à un croisement hybride entre résonance jazzy et broken beat dubé au gout de valium. Un genre de progéniture illégitime mais carrément pas batarde de Nightmare on wax et Flying lotus, les deux figures électro éclectiques officiant sur Warp. Le Label de Sheffield, monstre sensitif auberges à tri fouilleur de Soul aurait tout à fait pu accueillir un ovni tel que Nicolas Jaar. Mais sa musique émotionnelle, habillée par sa voie suant le sexe coupable, est finalement trop mystique pour dormir sous une si grosse chape, et Nicolas se veut indépendant.
Possible messie d’une pop-ambiant 2.0 dont il serait aussi l’instigateur, un Duke Elington au milieu de rotariens en colère, ou un clown triste à UFO City, Nicolas Jaar reste inclassable, et c’est tant mieux.
Friendly Yours
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Derek
mercredi 26 janvier 2011
Toute débauche parfaite a besoin d'un parfait loisir
dimanche 23 janvier 2011
Jeremyville, pour un monde meilleur
mardi 18 janvier 2011
On the road again
lundi 17 janvier 2011
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mercredi 12 janvier 2011
Jean Vier N°2
vendredi 7 janvier 2011
Hunter S Thompson: A Gonzo Way Of Life
Hunter Thompson est l’un de ces auteurs américains devenus mythe de son vivant, Comme Kerouac, Burrrough ou Hemingway, il avait cette force très anglo-saxonne à transformer la littérature en spectacle et vice versa. C’est ce qui explique que cinq ans après son suicide, le « mythe Hunter Thompson » ne cesse de croître. Ainsi qu’en attestent les succès récents de l’adaptation au cinéma de Las Vegas Parano par Terry Gilliam, avec Johnny Depp, ou de la biographie unanimement plébiscitée que lui a consacrée William McKeen : Hunter S. Thompson, Journaliste & hors-la-loi.
Parano Dans Le Bunker (Ancien Testament Gonzo)
Dernier Tango à Las Vegas (Nouveau Testament Gonzo)
Déclinée en deux volumes, l’ancien et le nouveau testament Gonzo, La Grande Chasse aux Requins est une compilation de récits et reportages cinglants montrant le visage tuméfié d’une Amérique dont le précieux « rêve » nourrît les asticots. Thompson aborde les thèmes qui lui sont chers comme le mouvement hippie, le pouvoir Freak, les psychotropes, la politique, la culture et surtout la contre culture. Il prend le pouls de l’Amérique dans ses plus sombres recoins et témoigne de la faillite des idéaux de la jeunesse des années 60, 70. Hunter Thompson part d’un concept aussi controversé que la plupart de ses propos : le journalisme est plus impactant lorsqu’il est capté directement par l’œil désinhibé d’un journaliste au bord de la transe, et relaté à la première personne de manière descriptive. Poussant cette logique jusqu’au délire, imprégné d’alcool, de drogues, régît par les règles d’un style encore embryonnaire, se mettant lui même en scène dans des reportages épiques et férocement drôles, il a surtout inventé une forme journalistique qui rendaient visibles les vérités que la presse conventionnelle et puritaine préférait occulter : Le Gonzo, un style ultra subjectif et satirique qui, bien maitrisé, immerge son lecteur quasi totalement dans le sujet, donnant de ce fait une réponse plus complète aux deux questions essentielles auxquelles un article doit répondre : comment et pourquoi.
C’est la force de Thompson, un style journalistique dans l’humain qui, au lieu de s’embarquer dans le commentaire, permet au lecteur de saisir le contexte de l’affaire qu’il traite. Citant jusqu'à l’organe de presse des journalistes présents avec lui lors d’une conférence, il décrit les lieux, ambiances et personnes avec sa plume acérée, permettant une analyse crue des faits. D’un portrait sans concession de Mohamed Ali ou Jean Claude Killy jusqu'à la couverture totale des élections de 72 opposants George McGovern à Richard Nixon, Thompson fournit des récits qui dans les yeux d’un lecteur non avisé pourraient passer pour les élucubrations hallucinées d’un dépravé notoire, mais qui sont en fait de vrais articles de fond perçants à jour les vrais problèmes et enjeux d’un événement comme la révolte chicano à Los Angeles ou Le Derby du Kentucky qui est pour certain le texte fondateur du Journalisme Gonzo.
Livre aussi transgressant que l’auteur, La Grande Chasse aux Requins est un opus qui pour citer son alter ego Raoul Duke, perce à jour l’idéologie putride de la nation américaine post-Summer of Love « mais uniquement pour ceux qui en ont ! Et on en a comme des melons Mec ».
Friendly Yours
Derek